Plus on s'élève dans la fourchette des salaires et plus la perte de l'emploi affecte le déroulement d'une carrière. Moins que la crainte de ne plus subvenir à leurs besoins, les cadres sup' craignent un licenciement qui ferait tache sur leur CV ou tout au moins compliquerait leur avancement professionnel. Parce que leur avenir dépend étroitement de leur hiérarchie, ils se plient en quatre pour être bien vus. Loin d'eux l'idée d'émettre une critique même constructive envers un dirigeant, pourquoi prendre un tel risque ? Une situation qui se vérifie particulièrement dans les PME.
De plus en plus, les langues sont liées par l'angoisse de perdre son emploi. Comme le note Marie Grenier-Pezé, chercheuse au Groupe d'études sur la division sociale et sexuelle du travail au CNRS, "la précarité a entraîné l'intensification du travail, neutralisé la mobilisation collective, généré le silence et le chacun pour soi (...). La peur de perdre son emploi a induit des conduites de domination ou de soumission."[ Le puissant sentiment d'insécurité des salariés]